Au cœur du Bocage Mayennais

Il y a plus de 70 ans du 27 mai au 11 juin 1942 l’aventure humaine s’appelait BIR HAKEIM.

Discours et revue de presse ou humilité d’un carnet de route, celui d’Albert PIVETTE

Une plaque a été dévoilée le 23 juin 2012 près du monument aux morts en présence de personnalités militaires, représentants d’associations patriotiques, d’élus et de la famille.

Avec cette cérémonie commémorative et solennelle, une nouvelle page Brecéenne s’est inscrite.

Vous trouverez la présentation de cette journée sur Brecé Informations de

 

juillet 2012 page 2-18-19 et en cliquant sur Histoire Contemporaine. Cliquez ici

Il y a 70 ans l’aventure humaine s’appelait Bir Hakeim

Discours et revue de presse ou humilité d’un carnet de route, celui d’Albert PIVETTE

Une plaque a été dévoilée le 23 juin 2012 près du monument aux morts en présence de personnalités militaires, représentants d’associations patriotiques, d’élus et de la famille.

Avec cette cérémonie commémorative et solennelle, une nouvelle page Brecéenne s’est inscrite.

 

 

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ALBERT PIVETTE, Français Libre de la 1ère heure.

Mayennais, né à Châtillon-sur-Colmont et devenu Brecéen, Albert PIVETTE, qui a déjà effectué son service militaire, s’engage à nouveau dans l’armée en 1939. Affecté au Nord Liban où est cantonné un corps d’armée française de 38 000 hommes, il est alors Sergent. L’armistice qu’il considère comme une trahison, le décide avec une centaine de dissidents commandés par le Capitaine Raphaël FOLLIOT, à continuer le combat aux côtés des Anglais. Dans une échappée en camion de 200 km, Albert PIVETTE, devenu Français Libre, rejoint dans la nuit du 27 au 28 juin 1940, les Britanniques en Palestine. Dirigés en train sur l’Egypte, Albert PIVETTE arrive au camp de Moascar près d’IsmaÏlia. Là arrivent de Chypre, le 24 août, les 300 Français Libres et leur chef, le Capitaine LOROTTE. Eux aussi avaient rallié les Anglais puis débarqué en Egypte. Ces deux détachements de Français Libres forment le 1er Bataillon d’Infanterie de Marine (1er BIM), et se donnent pour devise : « France toujours » ! Pour Albert PIVETTE et ses compagnons, dont deux autres mayennais, Henri GLORIA et Pierre HUPIN, c’est le début de « l’Epopée de la France Libre ». Rééquipés par les Anglais et après un entraînement intensif à la guerre du désert, c’est pour le 1er BIM, la 1ère Campagne de Libye. Fin novembre 1940, Albert PIVETTE monte en ligne sur le front égypto-libyen avec la 8ème armée Britannique. L’armée italienne déclenche l’invasion de l’Egypte. Premières victoires, premiers morts. Les Italiens sont défaits. 1941, Albert PIVETTE participe à la fratricide Campagne de Syrie où l’armée du général DENTZ restée vichyste, qui collaborait ouvertement avec les Nazis, finit par capituler. Aucune décoration n’est donnée chez les Français Libres pour cette Campagne. 1942, l’arrivée en Afrique du Nord de l’Afrika-Korps, venue aux secours des Italiens, change le cours de la guerre du désert. Les Anglais se replient jusqu’à la ligne de défense Gazala – Bir Hakeim. Albert PIVETTE fait partie des 3 700 Français Libres qui, à Bir Hakeim, résisteront victorieusement pendant 15 jours à ROMMEL. Albert

 

PIVETTE raconte :

6 juin, quelle journée, mon Dieu quelle journée ! 3 raids, 2 de 60 bombardiers et 1 de 10. L’artillerie n’a pas arrêté depuis 6 h. Je ne comprends pas comment il y a encore des vivants à Bir Hakeim. Encerclés, à bout de munitions et d’eau, ces Français Libres commandés par KOENIG réussissent, en emmenant leurs blessés, une sortie en force dans la nuit du 10 au 11 juin. Les Anglais, grâce à Bir Hakeim, ont pu reconstituer une ultime ligne de Front en Egypte.
Albert PIVETTE participe à la victorieuse bataille d’El Alamein et raconte : après avoir épinglé la Médaille Militaire sur ma poitrine DE GAULLE me dit de sa voix lente et grave : « PIVETTE, je suis heureux de te serrer la main » Je n’en demandais pas tant.

1943, ROMMEL bat en retraite jusqu’en Tunisie. Son armée capitule le 23 février. Albert PIVETTE écrira : La grande traversée du désert, du Canal de Suez jusqu’à Tunis, 3 000 km en 6 mois, est terminée. La guerre n’est pas finie pour autant ! Rééquipés cette fois par les Américains, la 1ère DFL commandée par le Général BROSSET, se réorganise, multiplie exercices et grandes manoeuvres. 1944, le 24 avril la 1ère DFL débarque en Italie, avec le Père STARKY aumônier du BIMP. En mai, c’est la victoire de Monte Cassino, la « ligne Gustave » a vécu ! Albert PIVETTE souligne : les pertes de la DFL s’élèvent au tiers de ses effectifs, on parle beaucoup de nos victoires, mais à quel prix ontelles été payées ! L’Italie est libérée et la 1ère DFL mise au repos. Albert PIVETTE écrit : le 6 août, j’apprends la libération de Laval et de Mayenne… Ma famille est maintenant libérée, mais que sont-ils devenus ? Je n’en ai plus de nouvelles depuis 4 ans ! C’est ce jour là que le Général BROSSET lui remet la Croix de Guerre.
Le 16 août au soir, Débarquement de Provence ; Albert PIVETTE raconte : Nous descendons des péniches, avons de l’eau jusqu’aux aisselles et nous voilà sur la terre de France ! Après la prise du Golf-Hotel qui est un exploit magnifique, nous remettons ça avec le village de La Garde puis de Vauranne. Premiers morts et premiers blessés sur la terre de France. La 1ère DFL remonte la vallée du Rhône et le 13 septembre, elle fait la jonction avec les armées débarquées en Normandie et pénètre dans les Vosges. Albert PIVETTE écrit : Finie l’euphorie du Débarquement et de la Libération, l’ennemi a repris du poil de la bête. Nous avançons en subissant des pertes continuelles ; Il pleut presque tous les jours et nous couchons presque toutes les nuits dehors. 1er décembre, au cours d’une permission de 9 jours, il retrouve les siens qu’il a quitté il y a 4 ans et 10 mois. Puis c’est la terrible Campagne d’Alsace durant l’hiver 44-45. Grâce à une défense chère payée, un Bataillon de la 1ère DFL sera anéanti, Strasbourg sera sauvée. 1945, Début février, toute l’Alsace est libérée. Mais la 1ère DFL est, contre son gré, envoyée dans les Alpes à 2 000 m d’altitude. Albert PIVETTE raconte : après la guerre du désert, celle de la neige et de la boue dans le froid de l’hiver, il manque celle de la montagne et ça ne va pas être du gâteau ! 273 tués et 644 blessés ; tel est le total des pertes de la 1ère DFL au cours de ces derniers et victorieux combats dans le massif de l’Authion. Albert PIVETTE écrit : Enfin le 8 mai, c’est officiel ; LA GUERRE EST FINIE. Lors de la remise du drapeau, le 25 août 1940 à Ismaïlia, le bataillon comptait environ 600 hommes ; nous comptons ce qui reste à présent, en ce jour mémorable : 42. Le 18 juin 1945, sous les yeux et les applaudissements de milliers de spectateurs, nous défilons et passons sous l’Arc de Triomphe de l’Etoile. Trompant le service d’ordre, une petite fille vient me remettre un bouquet de fleurs… Geste touchant… Je pense à tous les absents qui devraient être avec nous… Albert PIVETTE était décoré de la croix de Chevalier
de la Légion d’Honneur, de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre avec 3 citations. DE GAULLE dira : Ce qu’a fait, pour la France, la 1ère Division Française Libre… C’est un des plus beaux moments de notre grande Histoire… C’est pour toujours, un défi lancé à ceux qui doutent de la France.

Albert PIVETTE fut de ceux qui avec le 1er BIM au sein de la 1ère DFL, écrivirent cette page d’Histoire, pour une certaine et si belle idée de la France.


(Texte de Marcel HUPIN, Délégué 53 de la Fondation de la France Libre, à partir des mémoires
dactylographiées d’Albert PIVETTE)